Vendredi 18
juillet 2008
Je reviens de mon séjour au Maroc.
Le Maroc, destination de rêve pour les touristes, qui vont faire, sitôt
leur arrivée une petite ballade en calèche pour visiter Marrakech.
Une calèche tirée par des chevaux faméliques qui toute la journée
arpentent le bitume brulant sous un soleil de plomb. Qui côtoient les
ânes, tout aussi maigres, qui, eux, tirent de lourdes charges, et qui
attendent pendant des heures immobiles, en plein soleil, sans eau, sans
nourriture. Et s'ils ont un peu de chance ils seront garés devant une
poubelle où ils pourront trouver un peu de quoi manger pour tenir la
journée.
Mais dans cet univers impitoyable, il y a cependant un havre de paix :
la maison de Cathy.
La maison de Cathy est très accueillante, fraîche, un vrai refuge pour
les chats.
A l'extérieur il y a une petite cour ombragée entourée de hauts mûrs de
5m, avec une petite chatterie que Cathy a fait construire et qui sert à
l'occasion pour rentrer un chat errant.
Son univers est chaleureux, les chats y sont en sécurité, mais voilà ...
le danger vient de l'extérieur.
Les chats de Cathy sont des anciens chats errants et ils aiment aller
vadrouiller de temps en temps. Comme l'a fait Simba un beau matin
ensoleillé, et qui, quand il a prit cette décision, ne pouvait se douter
qu'il ne reviendrait plus !
Mais il y a aussi les chats de la rue. Des petits sauvageons que Cathy
nourrit deux fois par jour.
Qui sont constamment en danger car la municipalité les fait empoisonner
pour nettoyer la place.
Nous y avons été le soir de mon arrivée, et le lendemain matin j'ai été
les nourrir toute seule. Comme je l'avais vu faire par Cathy la veille,
j'ai renversé une boite sur un plastique, mis les croquettes et rempli
le bol d'eau.
Puis je me suis assise sur le trottoir sans bouger.
Les adultes n'ont pas osé s'approcher à cause de ma présence mais j'ai
vu arriver des petits chatons, mois de juillet oblige.
Ils venaient de toutes parts. Ils étaient très maigres, sauvages.
Témérairement, ils se sont quand même approché pour manger. Deux d'entre
eux sont venu me voir, tout près, mais ils fuyaient sitôt que je tendais
la main.
Un petit roux s'est campé devant moi et au lieu de manger avec les
autres, il me regardait.
Au bout de quelque temps, je me suis levée afin de laisser les adultes
approcher, et je me suis dirigée vers la maison de Cathy.
Le petit roux m'a suivi. Je suis rentrée dans la cour avec toujours le
petit roux sur les talons. J'ai laissé la porte entr'ouverte et il est
entré à son tour.
Cathy m'a passé une caisse de transport et j'y ai mis un peu de pâtée.
Au bout d'un temps interminable il a fini par entrer dans la caisse.
D'abord la tête, puis les pattes avant. A ce moment là, je l'ai poussé
par derrière et j'ai refermé la porte.
Cathy l'a mis dans sa chatterie.
J'ai conscience qu'en l'attrapant je donnais une charge supplémentaire à
Cathy qui n'a pas vraiment besoin de ça, car elle doit préparer son
retour en France.
J'ai conscience que même si je lui ai proposé de le prendre dans notre
association et de financer les soins, c'est elle qui devra assumer la
charge de ce petit chaton. Le conduire chez le véto, loin de chez elle
et qui nécessite un taxi à chaque fois. De trouver éventuellement un
accompagnateur, car il y a encore les autres qui doivent partir aussi.
De payer les frais à l'aéroport car le transport aussi bien en soute
qu'en cabine n'est pas gratuit.
J'ai conscience de tout cela et même si Cathy devait le relâcher, je ne
lui en voudrais pas car je ne me rendais pas compte que sa tâche était
si lourde, si difficile, si éprouvante.
Cette femme fait preuve d'un courage exceptionnel !
J'ai énormément d'admiration pour son travail sur le terrain. Et en plus
elle doit faire face à beaucoup de tracasseries administratives, qui
minent son moral.
Je n'ai pu ramener que deux chats. Nous n'avons pas pu mettre Pacha et
Belle dans le même panier. Et Mysti que nous voulions ramener en
priorité n'a pas voulu se laisser attraper. Depuis la veille déjà il
sentait qu'il se passait quelque chose d'anormal, il était inquiet, sur
ses gardes ...
Je ne me rendais pas compte quand je venais réceptionner un chat à Orly
que le voyage était si éprouvant pour eux.
J'avais le cœur noué par l'angoisse en pensant à Pacha dans la soute.
Pendant que je passais à l'enregistrement, Cathy le gardait avec elle
jusqu'à la dernière minute, afin qu'il n'attende pas en plein soleil
d'être embarqué comme une vulgaire valise.
Pour finir l'avion avait du retard et nous avons dû attendre quatre
passagers, avant de monter à bord. Nous étions en plein soleil devant
l'appareil. J'ai pu m'abriter à l'ombre entre deux avions sous le regard
réprobateur du steward. Belle suffoquait dans sa caisse de transport.
J'ai vraiment eu très peur ... et je pensais à Pacha dans sa soute. Je
l'avais saucissonner avec des sangles et de l'adhésif d'emballage,
j'avais consolidé la porte, mais Pacha est un grand chat ... s'il
s'énervait tiendrait-elle le coup ?
A Orly je me suis précipitée pour le récupérer sur le tapis roulant.
Heureusement la caisse a été déposé en premier et j'ai pu le mettre en
sécurité immédiatement en marchant sur les pieds d'un marocain qui,
malgré mes excuses, m'a copieusement insulté, pensant que ses pieds
étaient nettement plus importants qu'un pauvre chat qui pouvait bien
refaire un tour complet sur le tapis après les 5 heures passées dans la
soute.
Pacha et Belle dite "Pupuce" se sont remis de leur émotion. Ils ont
passé une nuit au calme dans ma chambre. Me faisant plein de câlin,
surtout Pupuce que je croyais semi-sauvage.
Voici les cartes
postales que moi, je ramène de ce pays de rêve
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